Un Requiem allemand
de J.Brahms

« Un Requiem allemand sur des textes de l’Ecriture sainte » est une œuvre sacrée (mais pas liturgique) achevée en 1868 par Johannes Brahms (1833-1897). C’est la plus longue composition de ce musicien, l’un des plus importants de la période romantique. La mort de Robert Schumann, son ami et mentor, puis celle de sa mère l’ont beaucoup marqué et sont sans doute à l’origine de sa décision de composer cette œuvre. Elle est accueillie avec enthousiasme et assure la célébrité au musicien.

Plus que d’un Requiem (donc une messe des morts catholique avec un texte en latin), il s’agit d’une réflexion personnelle sur la mort (la crainte qu’elle nous inspire et la foi qui peut en triompher) et d’une « œuvre de consolation pour ceux qui souffrent ». 

Alors que la messe des morts de la liturgie catholique commence avec la prière des morts « Seigneur, donnez-leur le repos éternel », Un Requiem allemand s’ouvre à l’inverse en mettant l’accent sur les vivants avec le texte « Heureux ceux qui souffrent car ils seront consolés ».

Les textes en allemand choisis par Brahms sont issus de l’Ancien et du Nouveau Testament. Nul nationalisme dans le choix de cette langue, Brahms déclarant, qu’il eût dû l’appeler « Requiem humain » plutôt que « Requiem allemand », affirmant ainsi sa portée universelle.


Comprenant 7 mouvements, l’œuvre est très largement dominée par l’écriture chorale, les 2 solistes n'intervenant qu'exceptionnellement, le baryton pour faire entendre l'appel angoissé de l'homme face à son destin, la soprano pour annoncer le caractère maternel des consolations futures. Le 1er mouvement installe le climat général de sombre solennité que la mélodie caressante de Brahms éloigne cependant du lugubre. Le second s’ouvre sur un rythme de marche qui se développe peu à peu, soutenant le bouleversant lamento du chœur avant que n’intervienne, en contraste, un épisode plus animé. Le 3ème est dominé par une supplique en solo du baryton, aussitôt commenté par le chœur en humble prière. Le 4ème ouvre le second versant de l’œuvre axé sur les félicités de la vie céleste. Il se caractérise par une sérénité mélodique évoquant le quiétisme du paradis. D’un caractère recueilli, le 5ème contient un sublime solo de soprano évoquant, avec le soutien du chœur, la douceur céleste des bras maternels. Le 6ème fait office de sommet symbolique de l’œuvre, Brahms substituant un message d’espoir et de triomphe à la terreur du jugement dernier. Le 7ème, reprenant la mélodie du chœur d’ouverture, invite à la paix et au pardon : aux souffrances répond la réconciliation, à l’errance le repos . Un grand sentiment d’unité domine l’ensemble de la partition qui évite délibérément la dramaturgie tragique propre aux Requiem.